Pour tout parieur désireux de pronostiquer le vainqueur de la Coupe du monde 2014 sur le marché des paris sur la compétition de Pinnacle, l'historique de la forme des équipes devrait constituer un point de départ évident. 19 Coupes du monde de la FIFA ont eu lieu depuis le tournoi inaugural de 1930 en Uruguay et l'analyse de l'historique des performances des nations doit être considérée comme un moyen convenable d'estimer plus ou moins leurs chances.
Année | Organisateur | Confédération hôte | Vainqueur | Confédération victorieuse | Finaliste | Nb de participants |
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1930 | Uruguay | CONMEBOL | Uruguay | CONMEBOL | Argentine | 13 |
1934 | Italie | UEFA | Italie | UEFA | Tchécoslovaquie | 16 |
1938 | France | UEFA | Italie | UEFA | Hongrie | 16 |
1950 | Brésil | CONMEBOL | Uruguay | CONMEBOL | Brésil | 13 |
1954 | Suisse | UEFA | Allemagne de l'O. | UEFA | Hongrie | 16 |
1958 | Suède | UEFA | Brésil | CONMEBOL | Suède | 16 |
1962 | Chili | CONMEBOL | Brésil | CONMEBOL | Tchécoslovaquie | 16 |
1966 | Angleterre | UEFA | Angleterre | UEFA | Allemagne de l'O. | 16 |
1970 | Mexique | CONMEBOL | Brésil | CONMEBOL | Italie | 16 |
1974 | Allemagne de l'O. | UEFA | Allemagne de l'O. | UEFA | Pays-Bas | 16 |
1978 | Argentine | CONMEBOL | Argentine | CONMEBOL | Pays-Bas | 16 |
1982 | Espagne | UEFA | Italie | UEFA | Allemagne de l'O. | 24 |
1986 | Mexique | CONMEBOL | Argentine | CONMEBOL | Allemagne de l'O. | 24 |
1990 | Italie | UEFA | Allemagne de l'O. | UEFA | Argentine | 24 |
1994 | États-Unis | CONCACAF | Brésil | CONMEBOL | Italie | 24 |
1998 | France | UEFA | France | UEFA | Brésil | 32 |
2002 | Corée du Sud et Japon | AFC | Brésil | CONMEBOL | Allemagne | 32 |
2006 | Allemagne | UEFA | Italie | UEFA | France | 32 |
2010 | Afrique du Sud | CAF | Espagne | UEFA | Pays-Bas | 32 |
Tendance continentale
La majorité des vainqueurs de la Coupe du monde (dont les cinq premiers) étant issus de la confédération hôte (tableau 1), cette relation semble constituer une bonne base pour pronostiquer le vainqueur de l'édition 2014. L'analyse détaillée de l'évolution des tournois montre que cela n'a rien de surprenant. Prenez le premier tournoi, organisé et remporté par l'Uruguay en 1930. Seules quatre des 13 nations en lice venaient d'Europe, ce qui s'explique par la durée de la traversée transatlantique, de l'ordre de trois semaines.
Les performances des équipes européennes ont été fortement pénalisées par divers facteurs : le nombre plus important d'équipes sud-américaines, les incidences du voyage - s'entraîner sur un bateau était pratiquement impossible - et le fait que peu de joueurs européens avaient eu l'occasion d'évoluer à l'étranger.
La question du déplacement a occupé une place primordiale lors des éditions de 1934 et 1938 en Italie et en France, où respectivement quatre et trois des 16 équipes en lice n'étaient pas européennes. Les deux tournois ont débuté par une phase à élimination directe, ne laissant pas le temps aux équipes de monter en puissance. Les Italiens se sont imposés les deux fois.
En 1950, les tenants italiens se sont rendus par bateau au Brésil où de nombreuses équipes ont renoncé à se rendre, faute de moyens financiers ou en raison des difficultés du voyage.
En 1950, les tenants italiens se sont rendus par bateau au Brésil où de nombreuses équipes ont renoncé à se rendre, faute de moyens financiers ou en raison des difficultés du voyage. Seules 13 équipes ont participé à la compétition (il n'y avait que deux équipes dans l'un des groupes) alors que l'Inde, informée qu'elle ne pourrait pas jouer pieds nus, a déclaré forfait. Il est donc clair que peu de pays étaient présents de manière légitime. En finale, l'Uruguay a battu le Brésil.
L'avantage de jouer sur son continent
Lors de ces Coupes du monde initiales, la tendance à la participation d'équipes évoluant sur leur continent, les difficultés liées aux voyages et la nature aléatoire de la qualification ont contribué à favoriser les équipes évoluant à domicile.
Bien qu'il soit devenu plus facile de se rendre sur le lieu des Coupes du monde avec la généralisation des transports aériens, l'avantage du terrain est resté prépondérant jusqu'à l'ère du format moderne (qu'on estime à 1986) Peu de joueurs évoluaient à l'étranger et l'organisation des tournois est restée amateur jusqu'à l'introduction des normes modernes. Les organisateurs ont gagné en 1966, 1974 et 1978.
Dans le football moderne, l'avantage du terrain a été disséqué de long en large par des études comme celle de Ryan Boyko, assistant de recherche à Harvard, qui a chiffré l'avantage à 0,1 but par tranche de 10 000 supporters présents. On pense que l'avantage du terrain influence les décisions de l'arbitre et procure un avantage psychologique aux joueurs locaux.
Au-delà de l'influence de ces paramètres universels de l'avantage du terrain, certaines Coupes du monde ont connu des exemples induits de distorsion, notamment en 1974* et en 1978**, ainsi que des déséquilibres flagrants. Tant en 1978 qu'en 1982, les derniers matches de poule n'ont pas été joués au même moment, ce qui a conduit au tristement célèbre "Schande von Gijón" - "le match de la honte". Au cours de cette rencontre de l'édition 1982, l'Allemagne de l'Ouest et l'Autriche s'étaient entendues sur un score de 1 à 0 qui les qualifiait toutes deux pour le deuxième tour aux dépens de l'Algérie.
Étant donné que depuis 1978, le pays hôte n'a remporté qu'un seul des huit tournois organisés, on peut en déduire que le football s'est mondialisé davantage, que l'organisation est devenue plus professionnelle et que la surveillance s'est accrue. Ainsi, après la collusion ouverte de 1982 en Espagne, les règles ont changé afin que les derniers matches de poule soient disputés simultanément.
Il importe également de noter que le choix du pays organisateur est devenu plus politique et s'est éloigné des nations historiques du football. Seuls deux des huit derniers organisateurs étaient parvenus auparavant en finale.
Transferts de pouvoir et influence de l'UEFA et de la CONMEBOL
La corrélation existant entre continent hôte et vainqueur final a été démentie pour la première fois en 1958 quand le Brésil, avec un adolescent nommé Pelé, s'est imposé en Suède. Cela donnait le coup d'envoi de l'âge d'or du football brésilien, puisque l'équipe nationale allait à nouveau remporter l'épreuve en 1962 au Chili et en 1970 au Mexique. Le succès de la Seleçao illustre un autre facteur primordial dont les parieurs doivent tenir compte pour trouver les vainqueurs de la Coupe du monde : les transferts de pouvoir.
En 1977, Pelé avait fait un pronostic aujourd'hui nul et non avenu : "Un pays africain remportera la Coupe du monde avant l'an 2000". Bien que les prouesses de Pelé sur le terrain n'en fasse pas un commentateur, l'échec de son pronostic est patent, dans la mesure où il a sous-estimé la force pérenne en football du puissant axe Europe - Amérique du Sud.
La FIFA accorde plus de valeur aux matches impliquant des équipes européennes ou sud-américaines qu'aux autres. Ceci explique pourquoi on ne compte que trois équipes hors Europe ou Amérique du Sud dans les 30 premières du classement FIFA : les États-Unis, la Côte d'Ivoire et le Ghana. Si tous les continents étaient traités sur un pied d'égalité, la Côte d'Ivoire et les États-Unis seraient alors théoriquement têtes de série pour la Coupe du monde, ce qui aurait une incidence sur leurs chances de succès.
Bien que l'hégémonie de l'Europe et de l'Amérique du Sud ait bien résisté, des transferts de pouvoir significatifs se sont opérés à l'intérieur de ce duopole. On l'a vu lors de France 1998 et d'Afrique du Sud 2010 où la France et l'Espagne, vainqueurs pour la première fois, ont remporté dans la foulée le Championnat d'Europe.
Les rapports de force du football reflètent ses origines géographiques et d'autres facteurs aléatoires qui ont influencé son développement dans le monde entier (les écoles publiques anglaises en Argentine, par exemple). S'il n'y a pas, par exemple, de relation directe entre la taille de la population et le succès d'un pays, des facteurs socio-économiques peuvent favoriser une progression au niveau de la base ou influencer la migration. Toutefois, ces facteurs ne se vérifient qu'à l'horizon de décennies, pas d'années.
Les modifications du paysage du football international sont faciles à deviner après coup, mais il ne faut pas oublier que l'Espagne a déçu à maintes reprises avant de gagner en 2010 - plusieurs parieurs en ont fait les frais - alors que la France a entamé l'édition 1998 en pointant au 18e rang des classements FIFA.
Chance : les plus beaux flops
La série de trois succès du Brésil entre 1958 et 1970 a été momentanément interrompue par la victoire isolée de l'Angleterre en 1966. L'échec des Auriverde souligne l'importance d'un autre facteur que les parieurs de Coupe du monde doivent prendre en compte : la chance.
Pinnacle a abordé précédemment l'équation Succès = talent + chance. Dans un sport où la chance joue un rôle et dans le contexte d'une épreuve de format court, il n'est pas surprenant que le vainqueur ne soit pas forcément l'équipe la plus talentueuse ou même l'équipe qui a produit le meilleur jeu.
Tous les tournois modernes commencent par un tournoi de qualification basé sur un tirage au sort. Ensuite, la phase finale est précédée d'un autre tirage au sort, souvent confus et effectué à grand renfort de paillettes, où les sélectionneurs nationaux attendent avec anxiété de voir ce que le destin leur réserve.
Tous les parieurs qui misent sur la Coupe du monde avant le tirage au sort doivent être tout aussi inquiets car ce processus aléatoire a beaucoup d'incidences. On l'a vu avec le grand écart effectué par les cotes sur le vainqueur final de l'Espagne après qu'elle s'est retrouvée dans un groupe B relevé qui laissait supposer qu'elle pourrait retrouver le Brésil dès le 2e tour.
La différence de distance entre les déplacements le plus long et le plus court en phase de poules est de 3 047 miles
Une fois la compétition lancée, le destin peut se cacher en de multiples endroits, et pas seulement sur la pelouse. Les camps de base des équipes sont reconnus plusieurs mois à l'avance afin d'essayer de garantir le meilleur environnement. Mais après le tirage au sort au Brésil, des camps de base se sont retrouvés à des milliers de kilomètres du lieu des matches. La différence de distance entre les déplacements le plus long et le plus court en phase de poules est ainsi de 3 047 miles ! Même lorsque la préparation se déroule au mieux, cela ne garantit pas que le succès sera au rendez-vous.
Avant le coup d'envoi de la Coupe du monde 1966, Garrincha et Pelé avaient disputé 40 matches internationaux ensemble sans connaître la défaite. Lors de leur victoire sur la Bulgarie, 2-0, pour leur premier match en Angleterre, tous deux ont marqué, mais Pelé, cible privilégiée des Bulgares, a été blessé. Il n'a donc pas pu jouer contre la Hongrie et les Brésiliens ont perdu 3-1. L'impensable s'est produit ensuite lorsque le Brésil - sans Garrincha - s'est incliné devant le Portugal et a été éliminé. Il s'agit de la pire performance des deux hommes dans une Coupe du monde.
La paire n'a jamais rejoué ensemble. Mais que ce serait-il passé si Pelé et Garrincha avaient échappé aux blessures ? On ne le saura jamais mais ce genre de circonstances et beaucoup d'autres événements imprévisibles ont eu d'énormes répercussions sur les résultats.
De quoi est faite la chance ? Difficile de le définir, mais de mauvaises décisions de l'arbitre en sont un bon exemple. L'avantage du terrain suggère que l'arbitre est influencé par les supporters locaux. En 2002, cela a peut-être beaucoup contribué à la présence improbable de la Corée du Sud dans le dernier carré. La plupart des matches de Coupe du monde n'impliquent toutefois pas le pays organisateur. Certains épisodes tristement célèbres ont joué un rôle très important tels que "la main de Dieu" (quart de finale de 1986), l'incident Schumacher-Battiston*** (demi-finale de 1982) ou le mystère qui a entouré Ronaldo peu avant la finale à Saint-Denis (1998), mais il était impossible de les prévoir.
La chance peut opérer à un autre niveau, comme par exemple l'éclosion et la concentration inhabituelle de joueurs talentueux de la même génération comme c'est le cas actuellement avec la Belgique.
Impossible de prévoir : de curieux phénomènes vont se produire
Parfois, ce n'est même pas de chance dont il s'agit mais il est tout simplement impossible de prévoir ce qui va se passer. Qui aurait pu prévoir qu'un Africain de 38 ans (Roger Milla) serait le héros de la Coupe du monde 1990 ou qu'un attaquant italien relativement inconnu, Toto Schillaci, serait le meilleur buteur sous les couleurs du pays hôte. En 1994, le soulier d'or a été remporté par un Russe dont les six buts ont été les seuls de toute sa carrière internationale, dont cinq en un seul match contre le Cameroun.
Il est clair désormais qu'il existe d'énormes différences entre les 19 Coupes du monde précédentes en termes de participation, de format, de règlement, de tendances et de chance. Mais outre les éléments spécifiques à ce tournoi, le contexte socio-économique et politique était également complètement différent, ce qui est très important.
Comparaison entre les Coupes du monde : hors échantillon
La difficulté de faire des pronostics, là où un grand nombre de facteurs et de variables contributifs importants persistent, mais où il y a en comparaison une petite taille d'échantillon, est connue comme étant "hors échantillon". La Coupe du monde en fournit un remarquable exemple.
Face à de telles difficultés en matière de données, les parieurs doivent au contraire adopter une approche probabiliste pour choisir le vainqueur de la Coupe du monde
Étant donné qu'il est difficile d'effectuer des comparaisons directes avec les précédentes Coupes du monde et le rôle que la chance et qu'un contexte plus large jouent, il faut se méfier de tout pronostiqueur qui avancerait avec certitude le nom d'un vainqueur. Face à de telles difficultés en matière de données, les parieurs doivent au contraire adopter une approche statistique pour choisir le vainqueur de la Coupe du monde. Ils doivent utiliser des techniques telles que la méthode de Bayes (à consulter séparément) et chercher des cotes de valeur, plutôt qu'essayer de tirer des conclusions claires à la lumière des tendances historiques du tournoi.
Facteurs à prendre en compte :
- Étant donné que le format de la compétition est stable depuis 1986, que les obstacles aux voyages ont été levés et que le football a acquis une dimension mondiale, il est nécessaire d'accorder plus de poids aux résultats obtenus depuis cette date. Par exemple, les victoires de l'Uruguay en Coupe du monde de 1930 et 1950 sont moins pertinentes que son succès en Copa America en 2011.
- Les tournois des premières éditions ont favorisé énormément l'avantage du terrain, mais cela est beaucoup moins vrai dans la période plus récente. L'avantage du terrain joue encore, mais au même titre que la chance et l'imprévisibilité : depuis 1978, le pays organisateur n'a gagné qu'une seule fois.
- Bien que Pelé se soit trompé dans son pronostic concernant la victoire d'une nation africaine avant 2000, les succès passés ne garantissent pas les futurs succès. Les mêmes équipes ne gagneront pas éternellement, mais les rapports de force au sein du football mondial changent relativement lentement et résultent d'une multitude de facteurs, dont certains entièrement étrangers au ballon rond.
- Le système de classement de la FIFA est fondamentalement biaisé en faveur de la CONMEBOL et de l'UEFA ce qui influence à son tour le choix des têtes de séries du tournoi et les chances de bien y figurer.
Notes
* À l’approche de la finale de la Coupe du monde 1974 entre l'Allemagne de l'Ouest et les Pays-Bas, le tabloïd allemand Bild a été impliqué dans un "coup monté". Après avoir soudoyé des agents de sécurité, le journal a payé un groupe d'escort-girls - dans divers états de nudité - pour plonger dans la piscine où se détendaient les joueurs néerlandais, alors que des paparazzi étaient aux aguets. Quand la nouvelle s'est répandue, l'épouse de Cruyff était furieuse et la star orange a passé toute la nuit à la convaincre qu'il ne s'était rien passé. Le mal était fait néanmoins et l'Allemagne de l'Ouest s'est imposée 2-1.
** Une controverse a entouré la Coupe du monde 1978. Elle a eu pour cadre le match du deuxième tour entre l'Argentine et le Pérou. Les locaux avaient besoin de gagner par quatre buts d'écart pour aller en finale et ils ont finalement gagné 6-0.Les théories du complot se sont multipliées, allant de l'ingérence de la dictature militaire argentine au laisser-aller coupable du gardien péruvien - né en Argentine - qui aurait accepté de perdre le match. L’Argentine a finalement remporté la Coupe du monde mais aucun complot n'a jamais été prouvé.
*** Battiston a été heurté violemment par le gardien allemand et a perdu connaissance, avant de sombrer plus tard dans le coma. Michel Platini a avoué plus tard qu'il pensait que Battiston était mort car "il n'avait aucun pouls et le teint blême". L'arbitre néerlandais Charles Corver n'a même pas sifflé un coup franc pour sanctionner l'incident.